Le 26 septembre 1941, une lettre du Kremlin parvient au quartier général de Carlton Gardens, à Londres : Staline accepte de reconnaître le général de Gaulle « comme chef de tous les Français libres ». À une époque où les Britanniques malmènent les intérêts de la France, le Général y voit l’occasion de tirer son épingle du jeu : ce message marque ainsi le début d’une alliance durable et féconde avec l’Union soviétique, qui favorisera tout au long de la guerre son ascension vers le pouvoir. Mais le Kremlin ne donne jamais rien pour rien, et bien après 1944 de Gaulle devra encore s’acquitter de nombreuses contreparties : réhabilitation du PCF, nomination de ministres communistes au sein de son gouvernement, silence sur les agissements de l’Armée rouge en Europe de l’Est… Autant de prises de position décisives, et pourtant parfaitement occultes, qui contribueront à mettre la France dans une position pour le moins ambiguë au cours de la guerre froide.
Véritable pavé dans la mare de la légende gaullienne à sa publication, De Gaulle et les communistes n’est pourtant pas l’œuvre d’un iconoclaste. Loin de poursuivre la rivalité qui opposa son grand-père au Général, Henri-Christian Giraud s’applique à mettre au jour toute la complexité de la figure du grand homme, stratège d’exception et politicien clairvoyant, qui comprit très tôt la nécessité de « progresser par les couverts », selon ses propres termes. Publié pour la première fois en un seul volume, le texte de cette nouvelle édition a été remanié à la lumière d’archives récentes, ouvrant de nouvelles pistes de réflexion sur le « comment et le jusqu’où » de l’aventure gaullo-communiste.